Le Nigeria, géant démographique et économique de l’Afrique, repose sur un équilibre fragile entre ses nombreuses ethnies, langues et religions. Avec plus de 200 millions d’habitants répartis entre plus de 250 groupes ethniques, la cohésion nationale repose sur une architecture politique délicate. Cependant, ces dernières années, cet équilibre semble de plus en plus menacé.

Des tensions croissantes entre les trois principaux groupes ethniques – les Hausa-Fulani au nord, les Yoruba à l’ouest, et les Igbo à l’est – nourrissent des ressentiments historiques. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs, souvent présentés comme des différends fonciers, revêtent en réalité une dimension ethno-religieuse, exacerbée par les inégalités économiques et les rivalités politiques.

Les groupes séparatistes comme l’IPOB (Indigenous People of Biafra) revendiquent l’indépendance de certaines régions, ravivant les souvenirs douloureux de la guerre du Biafra (1967-1970). Parallèlement, la montée en puissance des groupes armés dans le nord du pays, combinée à un État parfois défaillant, alimente un sentiment d’abandon chez certaines communautés.

Malgré les efforts de réconciliation, notamment à travers une représentation équitable dans les institutions fédérales, beaucoup s’inquiètent d’une érosion du tissu national. Les appels à un nouveau pacte social plus inclusif se multiplient, face à une jeunesse désillusionnée et des élites accusées de manipuler les clivages pour servir leurs intérêts.

Le Nigeria est à la croisée des chemins. Préserver son unité exige des réformes profondes, une justice équitable et un véritable dialogue intercommunautaire.

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